La terrasse de café est à la fois un espace et un moment. Elle ne se définit pas seulement par sa dimension physique, mais aussi par l’expérience temporelle qu’elle engendre. Prendre un verre en terrasse, c’est s’accorder une parenthèse dans le temps, un moment choisi et créé, qui donne sens aux autres instants de la journée.

La qualité de cette parenthèse dans notre quotidien effréné, se redéfinit par notre perception du temps : plus on l’oublie, plus le moment est jugé agréable. E. T. Hall explique que l’horloge, projection extérieure du temps, a fini par dominer nos rythmes naturels. En terrasse, cette domination s’efface. Le temps n’est plus mesuré par l’horloge mais par la conversation et par de petits signes ordinaires : les verres, les gorgées, la fin d’une cigarette.
Ainsi, la terrasse de café crée sa propre temporalité, fondée sur les émotions, la parole et la sociabilité plutôt que sur le temps chronologique.


Dans les échanges entre amis ou autre, on observe une communication non verbale essentielle à l’espace – temps des terrasses. La manière dont l’espace est prit, la disposition des lieux et la posture des corps en disent long. Assis face à une table, les gestes et les expressions du haut du corps deviennent plus visibles et plus expressifs. Ils traduisent à la fois les émotions et la qualité du moment, mais aussi ils rythment le moment. Lever la main pour appeler le serveur, boire une gorgée, fumer une cigarette ou ouvrir la carte sont autant de signes qui structurent le temps et reflètent l’ambiance de l’échange. L’agencement des tables (face à face, côte à côte, en bazar, nombreuses, unique … ) traduisent tellement l’atmosphère qui se dégage ! Ébullition, calme, observation, contraction, romantisme… Ainsi, la terrasse de café révèle que la communication non verbale, façonnée par l’espace et les gestes, est un langage à part entière qui rythme et incarne les liens entre les individus.
Finalement, aux abords des terrasses on ne fait pas grand chose, mais on se dit beaucoup. Ce n’est pas de l’ennui ou de la passivité, mais bien de la création humaine !
PS : Le grand médecin Jenexistepas, recommande une cure quotidienne de minimum 6h par jour dans tout les lieux de sociabilité : parc, bistrot, banc public, terrains de sport, librairie…
Source : « Conversations entre amis à la terrasse d’un café : une mise en scène de l’intimité », Madeline Dixneuf https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02569301/document
